lundi 13 avril 2015

Interview avec Benjamin Faucon


(photo prise lors du salon du livre de Québec le 11 avril 2015)

Benjamin Faucon, bien que né en France vit actuellement au Québec. Détenteur d'un Master en Histoire de l'Art, il a commencé sa carrière d'écrivain en rédigeant deux romans policiers/suspense avant de se tourner vers la littérature de l'imaginaire. Le premier roman découlant de ce changement de style est le tome 1 de la série Éden et le monde vert, paru en 2010. L'année suivante, un projet de roman jeunesse a vu le jour. Avec Dansons avec les lucioles, l'auteur a présenté un tout autre visage, mais le livre est passé plutôt inaperçu. Par la suite, le deuxième volet d'Éden et le monde vert a été publié, suivi du thriller Nova 19-3 qui a reçu un bel accueil dans sa région, la Montérégie.
Courte biographie de l'auteur sur le site des éditions ADA

Alily est allé à la rencontre de cet auteur qui publie chez ADA une nouvelle série policière D'Art et de sang.
Voici pour vous son interview 
Couverture de D'art et de sang, Tome 1 : L'art du volCouverture de D'art et de sang, Tome 2 : L'art du mensonge


Alily : Comment vous est venue l’idée de vous mettre à l’écriture ?


B.F: Mes premières lectures et les livres que j’avais reçu en cadeau alors que je n’étais qu’un jeune enfant m’avaient tellement marqué à cette époque que depuis ce temps-là, je voue un véritable culte au métier d’écrivain et au livre en tant qu’objet physique. Les années ont passé, mais l’amour que je porte pour le roman demeure le même. Encore aujourd’hui, je trouve qu’un livre est quelque
chose de magnifique, un bel accomplissement, une façon de partager son imagination avec les autres et de faire sourire les gens. C’est par la culture et l’enseignement que l’on parvient à faire ouvrir les yeux des jeunes sur le monde environnant et le livre est autant un outil de savoir qu’un formidable moyen de se divertir.


Alily : En lisant votre biographie, je remarque que vous avez fait des études en histoire de l’Art. Avez-vous complètement délaissé cette branche pour vous lancer exclusivement dans l’écriture ?

B.F: Mes études dans ce domaine me servent de base pour mes écrits actuels. C’est d’ailleurs grâce à ces années passées sur les bancs d’université que j’arrive à me démêler parmi la multitude de recherches que je fais pour écrire mes romans. La découverte de l’archéologie, de l’histoire et des arts m’a fait ouvrir les yeux sur le monde et sa beauté lorsque j’étais enfant. Je me rappelle de ce magazine que je recevais chaque mois qui me permettait de m’évader, de découvrir des nouvelles contrées, des grands moments historiques et la diversité de notre planète qui en fait d’ailleurs toute sa richesse. Même si ces études ne me servent pas directement maintenant pour nourrir ma famille, elles occupent une place toute particulière dans mon cœur et ce n’est pas mince à dire pour quelqu’un comme moi qui détestait l’école (rire).

Alily : Quel parcours a suivi votre récit, depuis l’idée de départ jusqu’à sa publication?

B.F: J’avais comme seule idée l’histoire de l’art comme point de départ. Je voulais être en mesure de parler d’artistes, de toiles et de musées, le tout sur fond de course-poursuite, de complots politiques et de suspense. J’ai par la suite combiné plusieurs idées différentes que j’avais notées au fil des mois précédents pour finalement aboutir à la trame du scénario de la série. Ensuite, après avoir peaufiné les personnages et l’intrigue, je me suis lancé dans l’écriture, ce qui m’a pris environ trois mois pour chaque tome plus un mois de correction. Et ensuite, vint une longue attente de six mois (rire), c’est toujours long d’attendre une réponse, même si ces derniers temps, je dois le reconnaître, j’ai été très choyé par mon éditeur avec des réponses positives d’une rapidité incroyable. Une fois le contrat signé avec les Éditions AdA, c’était aux alentours du mois de juillet 2014 que les deux tomes ont été révisés par l’éditeur, puis vint la superbe étape des créations de couverture où j’ai eu la chance de travailler une nouvelle fois avec un graphiste de grand talent. Ensuite une nouvelle longue attente s’en est suivi, celle où l’auteur trépigne d’impatience à l’idée de pouvoir tenir entre ses mains son roman, d’attendre sa sortie et les premières critiques. !

Alily : Parlons un peu du contexte de la série D’Art et de sang, Pourquoi avoir choisi la France et ses environs pour l’univers de votre livre ?

B.F: Généralement, je choisi un lieu car j’ai envie d’en apprendre davantage sur une ville, sur une culture etc. Pour la France, y étant né c’était différent, puisque je connaissais ce pays. Le fait également que l’un des personnages principaux, Agnès Watson, travaille pour Interpol m’a poussé à parler de Lyon, le lieu où se trouve le siège de cette organisation. Mais dès le départ, j’avais en tête deux villes italiennes : Venise et Florence. Ensuite, Paris, Vienne, St- Pétersbourg et bien d’autres villes me semblaient être des endroits merveilleux pour planter le cadre complémentaire à cette intrigue. Pour le troisième tome, l’action se passera encore principalement en Europe, mais je compte glisser progressivement vers l’Amérique du nord afin de parler de New York et de Montréal au cours du quatrième et dernier tome. ! !

Alily : Y a-t-il des évènements, ou encore des personnes dans la vie de tous les jours qui vous ont inspiré pour écrire cette histoire ? Les personnages ?

B.F: Oui et non. D’une certaine façon, les grands vols commis à travers l’histoire autant dans les musées que dans les galeries d’art m’ont influencé d’une certaine façon, mais pour ce qui est des personnages, je préfère généralement laisser libre court à mon inspiration, créer des héros de toute pièce, travailler autant leur point fort que leurs défauts pour lesquels j’attache d’ailleurs une grande importance. Ce sont tous ces aspects qui permettent de les rendre humain, de rendre crédible leurs agissements. !

Alily : Quel a été votre plus gros défi avant d’entreprendre l’écriture de cette série ? Avez-vous rencontré des obstacles en cours de route ?

B.F: Pas pour cette série, celle sur laquelle je travaille actuellement et dont je te parlerai un peu plus tard au cours de cet entretien m’est beaucoup plus ardue et parsemée de doutes et de profondes remises en question. Pour D’art et de sang, tout a coulé de façon très limpide. J’ai eu énormément de plaisir à l’écrire et cela m’a fait énormément de bien de créer de nouveaux personnages, d’évoluer dans une ambiance différente, de visiter de nouveaux lieux après avoir passé presque un an sur les trois premiers tomes de la série La Théorie des Géants à me renseigner sur les grands sites historiques classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. ! !

Alily : Aimeriez-vous voir votre histoire projeté à l’écran ? Auriez-vous une petite idée du casting de rêve pour vos personnages ?

B.F: Je ne sais jamais trop quoi répondre quand on me pose ce genre de questions. Je serai à la fois flatté de voir l’un de mes romans porté au grand écran, toutefois, je crois qu’une certaine crainte m’habiterait. Certains films ont la fâcheuse tendance d’éclipser les romans desquels ils sont tirés, au point de faire oublier au public l’existence de ces livres. Cela n’enlève rien à la qualité intrinsèque de ce média, mais les gens vont se rappeler de tel ou tel acteur et non du personnage de roman. Le livre permet une certain flexibilité dans l’imagination du lecteur, celui-ci peut s’imaginer un personnage de différentes façons selon son goût, ce qui n’est pas le cas à l’écran où l’acteur transforme à sa façon un personnage et se l’approprie par son jeu. !

Alily : Parlez-nous un peu de vos projets futurs. J’ai lu que vous allez sortir prochainement, à l’automne 2015, une série jeunesse intitulée Les incroyables et périlleuses aventures de Gabriel Latulipe. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

B.F: Les incroyables et périlleuses aventures de Gabriel Latulipe est en fait une trilogie que j’avais écrite il y a quelques années déjà. Il s’agissait d’ailleurs de mes premiers romans pour lesquels j’avais reçu de belles critiques et de beaux encouragements. Toutefois, ces livres étaient publiés en auto-édition et ne disposaient pas d’une belle machine de distribution et de promotion derrière eux, de plus je n’étais pas encore prêt à cette époque à parler ouvertement de mon travail ce qui n’aidait en rien à me faire connaître. Ainsi, bien des années plus tard, après plusieurs relectures, des changements, des ajouts et pas mal de coupes faites dans le récit, la série Éden et le monde vert va revoir le jour, cette fois chez les Éditions AdA. Un nouveau titre qui va refléter tout le travail accompli sur cette trilogie qui, j’en suis sûr, connaîtra un très bel accueil grâce à la merveilleuses équipe des Éditions AdA. J’ai vraiment hâte de pouvoir partager le résultat avec mes lecteurs et de pouvoir faire vivre de nouveau tous ces personnages dans une histoire peaufinée. ! !

Alily : Outre cette série jeunesse, il y aura également une nouvelle série adulte de suspense qui devrait sortir courant de l’année 2016. Pouvez-vous éclairer à ce sujet ?

B.F: Pour cette série adulte, j’ai choisi de m’intéresser à l’histoire. Après l’archéologie avec la série La Théorie des Géants, l’histoire de l’art avec D’art et de sang, je souhaitais aborder un nouveau genre, d’être capable de me renouveler. Cette fois, je m’attaque au suspense historique, à une période de l’histoire européenne qui m’intéresse grandement, à savoir l’ère napoléonienne. J’achève actuellement l’écriture du premier tome, celle-ci aura été grandement difficile car la promotion de mes autres séries ainsi que le travail de relecture m’ont pris énormément de temps et d’énergie, ce qui a laissé le champ libre au doute. Mais, à présent je vois la lumière au bout du tunnel et je pense que cette série sera elle aussi intéressante et permettra aux lecteurs de se divertir tout en apprenant plein de choses. !

Alily : Quel genre d’écrivain êtes-vous ? Êtes-vous du genre très organisé, à planifier vos heures d'écriture, ou laissez-vous parler librement votre inspiration… n’importe où et à n’importe quel moment?

B.F: Oh, je suis un véritable dictateur avec moi-même. Ne dors pas, travaille ! Pas de loisirs, tu n’as pas assez écrit ! (rire) Je m’impose un véritable régime militaire, mais connaissant ma forte propension à rêvasser à la moindre occasion, à chercher une nouvelle toile, un nouvel artiste, c’est la meilleure façon d’être en mesure d’avancer. J’essaie d’écrire chaque jour, au moins quelques lignes, parfois, je me couche très tard afin de produire un certain nombre de pages. Pour le reste, je fonctionne avec des plans afin de ne pas m’éparpiller, c’est la clé selon moi pour un thriller. Tout tient dans le scénario et sans un plan, cela m’a parait bien difficile d’offrir quelque chose de cohérent, ou tout du moins cela occasionne beaucoup de perte de temps, de pages supprimées etc. ! !

Alily : Avez-vous une manie bien propre à vous pour vous mettre dans l’ambiance ou vous aider à écrire?

B.F: La musique fait partie omniprésente de mes sessions d’écriture. La plupart du temps, il s’agit de musique électronique, de la trance, car cela me donne un tempo, et évite de me divertir. Je n’écoute pas ce genre de musique en dehors des moments passés en tête-à-tête avec mon écran d’ordinateur, mais c’est ce que j’ai trouvé de plus efficace pour écrire. Écouter de la musique classique en écrivant est une véritable catastrophe dans mon cas comme bien d’autres styles d’ailleurs. Pour le reste, il me faut un accès à internet afin de pouvoir fouiller dans les différentes bibliothèques numériques, de chercher des publications de chercheurs, de consulter des blogs de voyageur, des sites gouvernementaux etc. afin de puiser des informations, voir des paysages afin de m’imprégner des différents pays qui apparaissent dans mes romans. !

Alily : Transition toute faite, parlez-nous de vos inspirations littéraires en jeunesse ou autres? Votre dernier coup de cœur ? LE livre qui vous a marqué dans votre vie ?

B.F: Parler de mes inspirations sans citer l’œuvre de l’écrivain américain Steve Berry ne serait pas juste. Cet écrivain, par ses romans à suspense, m’a montré qu’on pouvait offrir un divertissement hollywoodien tout en amenant un contenu culturel de qualité. La dernière lecture qui m’a profondément marqué est un roman traduit par les Éditions AdA pour le marché francophone canadien, il s’agit de Le chat du dalaï-lama de David Michie, un roman d’une grande fraicheur, simple, qui fait tout simplement du bien. Une très belle découverte ! Pour ce qui est d’un livre marquant, il y en a plusieurs, mais si je devais en citer qu’un seul, il s’agirait du Petit Nicolas de Goscinny et Sempé, je me souviens encore du jour où je l’ai reçu en cadeau. C’est probablement ce livre qui m’a poussé à vouloir écrire un jour, même si je n’avais pas encore dix ans à cette époque. ! !

Alily :Quel effet ça vous fait d’aller à la rencontre des lecteurs lors des salons littéraires ou autres évènements ?

B.F: De voir les gens sourire, de se rendre compte qu’ils viennent me saluer, me parler de mes livres me rappelle pourquoi je travaille si fort derrière mon écran et m’incite à redoubler d’efforts. Ce sont les lecteurs qui font exister les auteurs, sans eux, l’écrivain n’est rien !

Un grand merci à Benjamin Faucon qui s'est plié au jeu des questions ainsi qu'aux édition ADA, toujours prêts pour nous faire découvrir leurs jeunes auteurs.

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